« Le clitoris, c’est tout petit ! » Part.3

PAR CLÉMENCE

Partie 3 – le tabou de la sexualité féminine

Vous l’avez attendu et espéré (laissez-moi rêver !), voici la dernière partie de ce dossier sur le clitoris. Et cela tombe bien avec l’actualité du moment : la polémique autour de la représentation des organes sexuels des filles dans le livre de Michel Cymès à destination des enfants. Si tu as loupé l’histoire (et la magnifique réponse du médecin), voilà un petit résumé sur libération.

Il est donc toujours impossible de représenter correctement un sexe féminin dans un livre à destination des enfants, de plus réalisé par un médecin. Et pour ceux qui vont me dire que le public visé est trop jeune pour qu’on aborde ce genre de sujet (notamment le clitoris), je répondrais que les auteurs n’ont pas hésité à représenter le pénis avec les testicules, le gland et le prépuce alors que les lèvres et le vagin ne sont même pas dessinés (sans compter le mot vulve qui n’est pas mentionné). Dommage…

Bref, cela me fait une bonne transition pour le sujet dont je voulais parler dans cette partie. Comme nous l’avons vu précédemment, le corps de la femme est quand même bien tabou et finalement peu connu. Pourtant, ce n’est pas pour autant que le clitoris était un total inconnu par le passé. En effet, certains se sont vite rendu compte que cet organe pouvait donner du plaisir. C’est ainsi qu’au 19ème siècle, les médecins soignaient l’hystérie féminine grâce à une stimulation clitoridienne. Mais qu’est ce qui était considéré comme de l’hystérie me demanderez-vous ? (oui je fais les dialogues toute seule dans ma tête). Et pourquoi soigner cette maladie de cette manière ?

Tout d’abord, l’hystérie – qui signifie utérus en grec (hysteron) – est une maladie souvent considérée comme typiquement féminine avec des symptômes assez variées : angoisse, anxiété, bouffée de chaleur, nervosité, insomnie, etc. Pour simplifier, toute femme est potentiellement une hystérique qui s’ignore. Cette maladie a été décrite dès l’antiquité par Hippocrate et elle a été particulièrement étudiée au 19ème siècle par Freud en personne et le neurologue Charcot (qui vont admettre que cette maladie peut également atteindre les hommes).

A cette époque l’hystérie est un dérèglement de l’organisme touchant des femmes frustrées, souffrant de désirs sexuels inassouvies. Les plus atteintes pouvaient alors développer des crises assez impressionnantes de tétanie, de convulsions et de pertes de consciences. Charcot a exhibée certaines de ces patientes lors de ses leçons du mardi devant de nombreux spectateurs, journalistes, médecins ou  bourgeois par exemple.

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Charcot présentant une patiente hystérique lors d’une de ses leçons

 

L’hystérie est traitée à cette époque par un massage du clitoris dans le but de provoquer un orgasme et ainsi apaiser ce trouble. Hippocrate lui-même conseillait le mariage pour soigner cette maladie dans des temps plus lointain. Ce qui fait que l’idée de traiter une femme de « mal baisée » -charmante expression d’ailleurs – ne date pas d’hier. En plus d’être rentable, même si le massage de la vulve était considéré comme un acte médical très ennuyant, il était hors de question de conseiller aux femmes de se masturber. Il fallait que cela reste dans un cadre strictement médical ! D’ailleurs pour lutter contre l’onanisme, certains médecins du 19ème siècle en Europe n’hésitaient pas à pratiquer la clitoridectomie  (ablation du clitoris) sur leurs patientes pour leur faire perdre cette mauvaise habitude responsable de nombreux maux. Oui, les soignants de cette époque n’avaient pas peur des contradictions : on peut t’enlever le clitoris si tu te le touche trop mais si c’est fait par un médecin, ça passe !

Concernant le traitement contre l’hystérie, ce dernier pouvait prendre une bonne heure et comme la maladie ne se soignait pas définitivement, les patientes revenaient régulièrement recevoir ces soins. Du coup, le travail était parfois relégué aux infirmières et sages-femmes, ces messieurs ayant mieux à faire. Quel ne fut donc pas le soulagement des médecins quand le vibromasseur électrique fut inventé en 1883. Fini les crampes et les longues heures d’un travail pénible et inintéressant !

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Mesdames et Messieurs, un des premiers vibromasseurs électriques ! Le design a un peu changé depuis ©plastic-lemag

 

D’ailleurs, le vibromasseur était tellement considéré comme utile, qu’il n’arrêta pas d’être perfectionné dans les années qui suivirent. Une version portative vit même le jour au début du 20ème siècle. Avec le développement de l’électricité dans les foyers, les femmes pouvaient s’acheter cet instrument pour continuer à se soigner tranquillement chez elles. Et c’est ainsi qu’à cette période, le vibromasseur était le 5ème appareil électroménager le plus vendu ! Le tabou autour de lui commença à survenir quelques années plus tard quand il apparut dans un film pornographique. Il fut alors associé à la sexualité alors qu’avant il s’agissait d’un appareil médical.

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Vibromasseur datant de 1928. Surement un très joli cadeau de Noël à faire à sa maman à l’époque.

La photo a été prise sur buzzfeed mais l’appareil est visible dans un musée qui m’a l’air assez intéressant (et je dis ça sans rire) : http://antiquevibratormuseum.com/

 

Après ces quelques anecdotes médicales, j’aimerai terminer ce dossier par quelques mots sur un sujet beaucoup plus sérieux et grave : l’excision. Pour ceux qui ne connaissent pas, il s’agit d’une pratique millénaire consistant à couper le clitoris et les petites lèvres, de manière partielle ou totale, afin de limiter le plaisir sexuel. Histoire de rendre les choses encore plus fun, cette « opération » se fait la plus souvent sur des petites filles sans anesthésie et dans des conditions d’hygiène déplorables (oui car en plus rajouter un risque infectieux ou une hémorragie par-dessus est vraiment le petit cadeau bonus). En plus des conséquences à court terme pouvant aller jusqu’à la mort, on peut noter qu’à long terme, ces femmes risquent des douleurs pendant les rapports sexuels, des complications lors des accouchements ou encore des problèmes urinaires.

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Il existe plusieurs types de mutilations génitales : Type1, la clitoridectomie ; Type 2, l’excision ; Type 3, l’infibulation.

 

L’excision est culturelle (et non pas religieuse) et elle est réalisée dans le but d’empêcher le plaisir des femmes et qu’elles restent vierges jusqu’au mariage. Ainsi, une femme non excisée est considérée comme impure et mise à l’écart de la société. Il est donc impensable pour une mère de ne pas faire « opérer » ses filles afin de leur éviter cette honte et qu’elles puissent se marier. Pour d’autre culture, le clitoris est considéré comme trop masculin et une femme est pleinement femme quand elle ne possède plus cet organe.

D’après l’OMS, on estime à 3 millions par an le nombre de filles risquant une mutilation sexuelle en Afrique. En France, elles seraient plus de 53000 à vivre en étant excisée. Cette pratique y est condamnée par la loi et les auteurs encourent jusqu’à 20 ans de prison. Si vous êtes vous-même concernée par le problème ou si vous connaissez quelqu’un susceptible de l’être, vous pouvez appeler en France le 3919 qui vous conseillera et vous aidera. Si besoin, je vous mets un lien vers une brochure vous expliquant les démarches à effectuer en fonction des cas de figure : http://stop-violences-femmes.gouv.fr/IMG/pdf/depliant_Mutilations_sexuelles_feminines_VF_web.pdf.

 

Il existe désormais une opération de reconstruction du clitoris qui consiste à extérioriser des parties interne de l’organe afin de recréer un gland et de retrouver de la sensibilité (même si elle ne sera jamais la même qu’avant la mutilation). En France, cette opération est prise en charge à 100% par la sécurité sociale depuis 2004 et une dizaine d’hôpitaux la pratique.

Au vu des chiffres et de certaines déclarations, comme l’élu tunisien en 2013 qualifiant l’excision d’opération esthétique et qui n’empêchant pas les femmes de prendre du plaisir !, il reste encore beaucoup de travail pour arriver à faire évoluer les mentalités et à éradiquer cette pratique. Cela passe par des campagnes de sensibilisation et d’information, des témoignages et le dialogue avec les communautés pratiquant l’excision. Dans ce but, depuis 14 ans, le 6 février a été déclaré journée internationale de lutte contre les mutilations génitales féminines.

 

Voilà, cet article touche à sa fin. J’espère que vous aurez appris des petites choses sur le clitoris, et si ce n’est pas le cas, ce n’est pas grave et c’est même plutôt rassurant !

Sinon, si tu es dotée d’une vulve, n’hésite pas à te munir d’un miroir pour regarder ton propre clitoris. C’est le meilleur moyen de savoir à quoi il ressemble vraiment (du moins les parties externes). Bien sûr, ce n’est pas une obligation, tu fais bien ce que tu veux !

Et si vraiment tu adores le clitoris, tu peux même acheter une bague pour crier au monde entier ton amour pour cet organe : http://www.penelopijones.com/

Marcher pour les sciences

Par Arthur

Le 22 avril, les sciences se mettent en marche. Initiée aux Etats-Unis au lendemain de l’investiture du président Trump, le mouvement se mondialise. Pour les scientifiques, il s’agit de mettre en avant les rôles que tiennent les sciences dans les questions de société. Une réponse à un obscurantisme se développant dans différentes sphères, dont la sphère politique.

Le 20 janvier se tenait l’investiture du 45ème président des États-Unis. Des scientifiques concernés par les décisions politiques que pouvait prendre la nouvelle administration – notamment autour de l’environnement et leur volonté d’occulter des données sur le réchauffement climatique – échangeait dans une conversation sur Reddit. De cette discussion émergera l’idée d’une marche pour les sciences.

Aujourd’hui, le mouvement dispose d’une page Facebook (avec plus de 490 000 j’aime), d’un compte twitter avec plus de 345 000 abonnés et des comptes internationaux se multipliant pour une marche prévue le 22 avril dans le monde entier.

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Ma réaction lorsque j’ai appris la nouvelle : « Quoi ?! Les scientifiques vont manifester ??! »

Au mois de Mars, le gouvernement américain publiait la première version de son budget (lien en anglais). On peut y lire pêle-mêle de nombreuses coupes dans différents secteurs dont les sciences. S’ajoute à cela la disparition de données concernant le changement climatique ou encore la censure apposée aux agences scientifiques officielles.

« People who value science have remained silent for far too long in the face of policies that ignore scientific evidence and endanger both human life and the future of our word »

Les gens qui accordent de l’importance aux sciences sont restés silencieux depuis trop longtemps face à des politiques qui ignorent les preuves scientifiques et mettent en danger la vie humaine et l’avenir de notre monde

Si les organisateurs veulent interpeller nos politiques, ils rappellent néanmoins sur le site officiel March for Science, que le mouvement ne s’inscrit pas dans un cadre politique mais bien dans une démarche citoyenne. Une manière d’indiquer que les sciences servent les intérêts de tous et non  ceux uniquement au pouvoir. Les sciences ne sont pas des produits mais des processus, se construisant autour d’une méthode testée, éprouvée, permettant de mieux comprendre le monde autour de nous.

La chasse à l’obscurantisme et aux « alternative facts »

Plus qu’une protestation budgétaire, cette marche vise une tendance qui croît de plus en plus. Celle de se passer des faits et que toutes les opinions ont la même valeur. Reléguer les faits scientifiques au statut d’opinion remet en question tout un processus basé sur la collecte d’informations, leurs vérifications ainsi que leurs analyses. C’est de cette manière que l’on a vu une progression du climato scepticisme ces dernières années.

D’ailleurs, j’en profite. Si tu veux un exemple d’obscurantisme : Monsieur Sarkozy déclarait  en septembre 2016: qu’« il faut être arrogant comme l’homme pour penser que c’est nous qui avons changé le climat ». « On a fait une conférence sur le climat. On parle beaucoup de dérèglement climatique, c’est très intéressant, mais ça fait 4,5 milliards d’années que le climat change. L’homme n’est pas le seul responsable de ce changement » – propos rapportés par Marianne

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Meh.

Si tu souhaites obtenir quelques informations sur le réchauffement climatique, je ne peux que te conseiller cette vidéo publiée par lemonde.fr ou encore la chaine YouTube du professeur Feuillage.

Je t’invite également à lire l’article de Pierre Barthélémy expliquant pourquoi certains nient les résultats des sciences.

Une – re – connexion

L’une des volontés affichée par le mouvement est celle de se reconnecter à tout un chacun. Qu’on se le dise, les scientifiques, sont des êtres humains comme les autres. Il est temps de briser, le piédestal sur lequel certain•e•s se sont érigé•e•s. S’ils disposent d’un jargon professionnel, cela ne devrait pas les empêcher de réfléchir à de nouveaux moyens pour diffuser les savoirs et la culture scientifique pour qu’elles soient compréhensibles et accessibles à tou•te•s. Pour que les sciences puissent s’inscrire dans le débat public, il faut renforcer l’éducation, la communication et le respect mutuel  pour que chacun•e•s se sentent concerné•e•s. Un message aux médiateurs qui font d’ores et déjà un travail de titan pour créer ces ponts de communication.

Les sciences ne sont pas réservées à un groupe mais se doivent d’être accessibles à tou•te•s car au service de tou•te•s.

Et toi, tu marcheras pour les sciences le 22 avril ? Dis-nous tout, on a hâte de lire ça !

 

Le complément :

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« Le clitoris, c’est tout petit ! » Part.2

PAR CLÉMENCE

Partie 2 – Un clitoris, c’est quoi ?

 

Comme ce n’est pas l’école qui nous a dictés nos codes appris ce qu’était le clitoris, certains d’entre nous ne savent tout simplement pas ce qu’est cet organe ni quelle est sa fonction.

Reprenons donc les bases ensemble : un clitoris, qu’est-ce que c’est exactement ?

Le clitoris est un organe érectile présent chez toutes les femelles mammifères (or anomalie extrêmement rare). Les parties externes sont composées du gland, du capuchon (ou prépuce) qui le recouvre et le protège, et du frein. Ces deux derniers éléments sont formés par le dédoublement de l’extrémité .

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En interne, nous retrouvons deux corps caverneux qui fusionnent pour donner le corps du clitoris ainsi que deux bulbes vestibulaires qui vont entourer le vagin et l’urètre. Ces racines sont assez longues et mesurent environ 10 cm, ce qui fait que le clitoris est majoritairement un organe interne !

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Et chose incroyable, il possède environ 8000 terminaisons nerveuses (probablement plus que le pénis) ce qui en fait un des organes les plus sensibles du corps humain. Donc merci d’éviter de s’acharner dessus comme un bourrin ! A part si tu veux trahir ton manque d’expérience ou passer pour un(e) mauvais(e) amant(e) auprès de ta compagne, cela ne sers strictement à rien (Sauf si la demoiselle te le demande expressément, dans ce cas-là, fonce !). Le clitoris a besoin d’un petit peu de subtilité !

Bien sûr, toutes les femmes n’ont pas exactement la même taille ou forme de clitoris et de capuchon, c’est tout à fait normal. D’ailleurs, tant qu’on est dans l’anatomie féminine, j’en profite pour faire un aparté sur une autre idée reçue : les petites lèvres peuvent être plus longues que les grandes lèvres. Là aussi c’est quelque chose de classique et non ce n’est pas moche ou anormal comme je l’ai vu écrit sur plusieurs forums « féminin » sur internet (coucou Doctissimo !). Ce complexe peut être tellement important que certaines vont jusqu’à subir une opération appelée nymphoplastie afin de réduire la taille des petites lèvres uniquement pour des raisons esthétiques. Cette intervention peut être aussi pratiquée pour des raisons physiques : en cas d’inconfort lors des rapports sexuels ou de pratiques sportives par exemple.

Attention, je ne juge pas celles qui se font opérer. C’est le résultat d’une gêne et d’un mal être certain. Ce que je trouve dommage, c’est que l’image d’une vulve est tellement stéréotypée que des femmes développent des complexes sur leur sexe alors qu’il est tout à fait normal.  Cela pourrait être évité si on parlait un peu mieux de sexualité et d’anatomie des organes sexuels (mais vu ce que l’on trouve dans les manuels scolaires ce n’est pas prêt d’arriver).

Fun fact (oui je diverge beaucoup dans cet article) : Il existe chez certains animaux, comme par exemple la loutre, un os clitoridien ou baubellum. Sinon, dans un autre style, la hyène tachetée possède un clitoris hypertrophié d’environ 20 cm ce qui fait que le mâle et la femelle sont quasiment impossible à différencier à l’œil nu et qu’une analyse génétique est souvent nécessaire pour connaitre le sexe de l’individu (d’où une histoire très sympa d’un zoo qui a essayé pendant 4 ans de faire se reproduire deux mâles). De plus, le canal urinaire est situé également dans le clitoris et ce dernier est donc utilisé pour uriner, accoucher et aussi copuler grâce à sa capacité de rétractation et d’invagination (c’est-à-dire qu’il va s’internaliser).

UntitledCeci est un clitoris ©National Geographic

 

Toutes ces considérations anatomiques sont bien belles, mais un clitoris, comment ça marche et à quoi ça sert ?

Le clitoris est donc un organe érectile, c’est-à-dire qu’il peut durcir et se dresser. Il possède un état au repos et un état en érection. En effet, en cas d’excitation sexuelle, les corps caverneux et les bulbes se gorgent de sang et le clitoris gonfle et devient plus visible. Là aussi, la forme et la taille d’un clitoris en érection varie en fonction de chaque femme et donc non, il y a peu de chance que ce tu observes sur ton propre corps soit anormal !

17409993_10208022353387195_1788310840_nSi tu tapes clitoris érection dans Google image, tu ne tombes pas tout de suite sur ces photos malheureusement …

D’ailleurs, les corps caverneux étant fortement innervés et au contact du vagin, cette zone pourrait correspondre au fameux point G tant controversé (le débat entre partisans et détracteurs de son existence est toujours d’actualité). Cela expliquerait également pourquoi on peut éprouver du plaisir lors d’une pénétration vaginale alors que ce dernier est peu innervé. Et aussi, plus de séparation femme vaginale et clitoridienne : nous sommes toutes clitoridienne avec différentes façons de le stimuler  !

Sur le site d’AlloDocteur, vous pourrez trouver une vidéo avec une interview d’Odile Buisson (à l’origine de la première échographie du clitoris) et de Pierre Foldès (inventeur de la chirurgie réparatrice du clitoris). Elle illustre ce qu’il se passe au niveau du clitoris lors d’une pénétration et aborde le sujet du point G et du plaisir féminin : http://www.allodocteurs.fr/sexo/femme/point-g/echographie-du-point-g_3103.html

Le clitoris possède donc pas mal de similitudes avec le pénis d’un point de vue anatomique (un gland, un prépuce, des corps caverneux et des bulbes correspondant aux corps spongieux). Cela n’est pas surprenant car ils partagent la même origine embryologique. Jusqu’à la sixième semaine de grossesse, les organes sexuels sont identiques quelque soit le sexe de l’enfant. Ils évoluent ensuite différemment en fonction du fait que vous soyez porteur de deux chromosomes X ou d’une paire X et Y. Cela concerne d’abord les organes sexuels internes dès la septième semaine pour les garçons et la huitième semaine pour les filles, puis les organes sexuels externes à partir de la neuvième semaine de grossesse. Et si tu veux savoir si tu vas être parent d’une petite fille ou d’un petit garçon, il va falloir attendre l’échographie du deuxième trimestre (Certains prétendent que l’on peut déterminer le sexe de l’enfant en fonction du nombre de centimètres pris au niveau des seins, mais je pense qu’une échographie est plus fiable comme technique  !).

Et comme tout organe, le clitoris peut être soumis à quelques malformations même si celles –ci restent extrêmement rares. Beaucoup, sont communes avec le pénis, de par leur origine embryologique commune. On peut citer l’absence de clitoris (ou de pénis) qui concerne une naissance sur 30 millions, un clitoris (ou pénis) bifide (fendu en deux) qui touche 1 bébé sur 10000, ou encore le phimosis clitoridien (un capuchon trop serré empêchant le clitoris de se découvrir).

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L’allégorie du phimosis

Sinon, le clitoris est aussi sujet aux mêmes ennuis plus classique que le reste de la vulve : mycose, herpès, irritation (ou quand une barbe peut devenir ton pire ennemi), microfissure (d’où l’importance de bons préliminaires), inflammation, etc. Dans tous les cas, cela va sans dire, n’hésite pas à consulter un médecin en cas de doute.

Malgré toutes ces similitudes, un clitoris n’est absolument pas un pénis miniature ! En effet, Il s’agit d’un organe uniquement dédié au plaisir -c’est même le seul et l’unique- contrairement au pénis qui a une fonction reproductive. D’où le fait que le clitoris est encore mal connu et bien tabou. En plus, comme il y a peu de pathologies associées, et que même si une femme ne prends pas de plaisir, rien ne l’empêche de se reproduire, les scientifiques/médecins ont longtemps considéré qu’il n’y avait pas d’intérêt à l’étudier.

Maintenant que nous avons vu ce qu’était réellement un clitoris et sa fonction, je vous propose la prochaine fois de partir sur le tabou de la sexualité féminine, et comment le clitoris en est le symbole et parfois la victime. Nous parlerons d’hystérie féminine au 19ème et de son traitement (spoiler alert : ça concerne bien le clitoris) et nous aborderons un sujet absolument pas drôle mais nécessaire, l’excision.

« Le clitoris, c’est tout petit ! »

Par Clémence

Partie 1 – Un clitoris à l’école

Les idées reçues ont bien souvent la vie dure. Nous vous proposons dans cette catégorie d’en démonter quelques-unes. Et pour commencer, je vous propose de partir à la découverte d’un organe féminin trop souvent méconnu ou tabou, j’ai nommé le clitoris ! Certains ignorent son existence, d’autres ont du mal à le localiser et la plupart pensent qu’il s’agit d’une petite excroissance assez sensible.

Comment en est-on arrivé à autant d’erreurs autour de cet organe ? C’est ce que nous allons essayer de voir dans cet article.

Il y a quelques mois, une chercheuse a réalisé une impression à taille réelle d’un clitoris pour être utilisé dans les cours de SVT, grâce à une imprimante 3D. En voyant les images, beaucoup de personnes ont semblé surpris de découvrir à quoi cet organe ressemble vraiment. En effet, la partie visible ne représente qu’une toute partie du clitoris, et derrière le gland se cache de longues racines (et oui le clitoris mesure environ 10 cm !)

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Photo CC. Marie Docher.

Oui un clitoris ressemble à ça et si tu veux le refaire avec une imprimante3D, le fichier est gratuit 

Cette méconnaissance de l’organe n’est pas surprenante : en creusant un peu, on peut se rendre compte que le clitoris est rarement expliqué ou carrément omis dans les manuels de SVT. La vulve est bien souvent également concernée par ce défaut d’informations. C’est vrai que cela serait dommage d’apprendre aux jeunes comment leur corps est fait !

C’est ce qu’a montré Quotidien dans un reportage datant de septembre 2016 : le clitoris y est souvent représenté sous la forme d’une excroissance ou d’un point quand il n’est pas absent. Dans le micro trottoir qu’ils ont réalisé, peu de lycéens reconnaissent cet organe quand on leur montre l’impression 3D, et d’autres ne savent tout simplement pas ce que c’est même quand on leur dit. Personnellement, j’ai spontanément ri au début avant d’être finalement assez dépitée.

Dans le même genre, Buzzfeed (Oui, oui Buzzfeed) s’est amusé à comparer 8 manuels scolaires pour en tirer les mêmes conclusions.

Ce qui est encore plus inquiétant, c’est que ces notions devraient être abordées dans les programmes scolaires ! D’après le bulletin officiel du 26 novembre 2015 (p.349 !), concernant le programme de SVT pour les cycles 4, je cite : « Au fur et à mesure de l’acquisition des connaissances sur la reproduction, les élèves sont amenés à distinguer reproduction et sexualité et à argumenter les comportements responsables. » On ne peut pas dire que ça ait l’air d’être la priorité des manuels scolaires.

Pour les plus âgés, le programme scolaire datant de 2010 semblait clair aussi pourtant. Concernant les première S, je cite : « Extraire et exploiter des informations de différents documents, réaliser des dissections pour : identifier les différences anatomiques, physiologiques et chromosomiques des deux sexes». Le clitoris n’est-il pas une différence anatomique suffisante pour être abordée correctement ?

Dans un monde où les ados peuvent se tourner vers internet pour trouver des réponses à leurs questions (avec tous les risques de désinformations et d’erreurs que cela comporte), n’est-il pas hypocrite de continuer à enseigner la sexualité de manière très froide, loin des préoccupations actuelles des jeunes et bien souvent d’un point de vue strictement reproductif ? Même si, je suppose fortement que ce tabou a un lien avec la peur d’évoquer la sexualité féminine et la notion de plaisir.

C’est très bien d’expliquer comment on fait les bébés, c’est même très utile, mais si on pouvait en profiter pour aborder vraiment ce que c’est faire du sexe, ça serait peut-être bien aussi. Parce que si l’on regarde certaines idées reçues, tu sens qu’il y a encore du boulot (Si tu veux avoir peur et te rendre compte des grosses lacunes en matière d’éducation sexuelle, va faire un tour sur un forum Doctissimo ou jeuxvideo.com, tu ne seras pas déçu).

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Illustrations de manuels scolaires de cycle 4 (de la cinquième à la troisième) d’Hatier à droite et de Nathan à gauche. Sur l’un pas de clitoris, sur l’autre juste un point comme si cet organe était uniquement externe. ©Libération

Bilan, cette omission a de graves conséquences : d’après un rapport du haut conseil à l’égalité entre femmes et hommes, en 2009, une fille de 15 ans sur 4 ne savait pas qu’elle a un clitoris, et concernant les élèves de 4ème et 3ème, 83 % des filles et 68% des garçons ne connaissent pas sa fonction. De plus, on apprend également dans ce rapport que les filles de 13 ans savent mieux représenter les organes masculins que les organes féminins. En gros, quand tu es une ado, même sans en avoir jamais vu, tu sais mieux à quoi ressemble un pénis que ton propre corps. Normal ! Et au vu des nouveaux manuels scolaires, cela n’a pas l’air prêt de changer.

De plus, ce tabou s’étend même en dehors de l’école : pour réaliser l’impression en 3D, la chercheuse à l’origine de ce projet a utilisé la littérature scientifique à disposition. Mais mauvaise surprise, peu de sources sont disponibles et il a fallu plusieurs corrections avant d’arriver à un résultat satisfaisant. Pour vous donner une idée, il a fallu attendre 2008 pour qu’une gynécologue, Odile Buisson, réalise la première échographie d’un clitoris et que l’on sache ainsi que la majorité de cet organe est interne. Le monde scientifique ne semble donc pas non plus particulièrement au point sur ce sujet.

Vu que peu d’entre nous ont appris à l’école ce qu’était un clitoris et à quoi il servait, je vous propose la prochaine fois d’aborder ce sujet. Si tu penses tout savoir, viens vérifier que c’est le cas, tu pourrais être surpris ! En plus, il y aura des schémas de vulves, des histoires d’hyènes tachetées et on parlera même du point G !

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Ça Cogite ouvre ses portes

 

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Bienvenue à toutes et à tous sur le site internet Ça Cogite !

Ça Cogite c’est quoi ?

Si vous pensez que les sciences ne sont l’affaire que de nerds ou de croûtons tout rabougris ne bougez pas, nous sommes là pour vous faire changer d’avis. Ça Cogite, c’est un site internet de vulgarisation qui vous propose via différents formats (articles, strip, vidéo) de vous faire découvrir les sciences sous un autre jour.

Ce qu’on veut ?

Vous faire partager des découvertes scientifiques tout comme des faits insolites, démonter les idées reçues ou encore replonger dans l’histoire des découvertes. Nous voulons vous faire découvrir les sciences d’une autre manière. Loin d’être obscures, poussiéreuses et aussi inaccessibles qu’on veut bien le penser. Elles se construisent tous les jours, au gré des réflexions, des tâtonnements, des échecs, des hasards, des idées de curieux prêts à se lancer dans cette aventure.

Nous sommes plusieurs à écrire sur le site, vous pourrez prochainement retrouver nos trombines dans la section « à propos ».

Allez, posez-vous confortablement. Ça va être bien.

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